La méthode
La végétothérapie est la première psychothérapie corporelle issue de la psychanalyse. Elle a été créée par le Dr Wilhelm Reich, qui était psychanalyste et neuropsychiatre. Comme beaucoup de découvertes, elle est née suite à des échecs thérapeutiques qui ont poussé Reich à aller chercher "plus loin".
Reich n’a jamais été très explicite sur les détails techniques de la végétothérapie. Il a trés bien expliqué les fondements théorico-cliniques de cette méthode, notamment son lien direct avec l'analyse du caractère. Par contre, il reconnait qu'il n'a pas eu le temps de poursuivre suffisamment cette recherche neuro-physiologique. C’est pour cela que Reich, conscient de cette insuffisance, demanda à l’un de ses plus proches collaborateurs, Ola Raknes, de la développer. Finalement ce sera à Federico Navarro qu'Ola Raknes confiera la tâche d'achever cette recherche.
Reich faisait faire à ses patients des exercices musculaires et respiratoires. C'est Federico Navarro qui a eu l’idée d’appeler ces exercices : « ACTINGS » pour marquer clairement leur différence avec des exercices d'éducation physique.
Federico Navarro est parti de l'observation des étapes du développement psychomoteur et affectif de l’enfant pour mettre au point la méthodologie de la végétothérapie. Il se sert des actings pour explorer les différentes étapes du développement de la personne, lesquelles sont en relation avec les sept niveaux de blocage de la cuirasse musculo-caractérielle. La relation transféro-contretransférentielle liée au cadre thérapeutique permet l'implication émotionnelle du sujet, ce qui donne aux actings leur efficacité en retour sur le système émotionnel (limbique).
Federico a aussi établi le diagnostic neuro-musculaire et énergétique. Ce diagnoctic est dynamique et évolutif car il porte sur la structure caractérielle et non pas sur la pathologie. Cinq types de structure caractérielle correspondent à des perturbations dans le développement de l’individu de sa conception à l’âge adulte.
Plus la perturbation (ou la fixation) survient tardivement, moins graves sont les conséquences. Ces perturbations pour Federico Navarro sont toutes liées à la PEUR, l’émotion fondamentale qui entraîne une souffrance de l’organisme. La peur, en fonction de la période où elle agit (foetale, néonatale, postnatale...), a des conséquences variables. En effet à chaque période correspond la maturation d'un système particulier (neuro-endocrinien, neuro-végétatif, neuro-musculaire).
Un apport fondamental et original de Federico Navarro est la notion de couverture caractérielle. Cette notion de couverture concerne uniquement les personnes à "noyau psychotique" et plus particulièrement les structures borderline. Ces personnes ne présentent pas un authentique caractère mais une caractérialité de couverture qui cache (ou recouvre) un tempérament "à basse densité énergétique"
Lors de consultations à l’hôpital psychiatrique, le concept de couverture caractérielle est apparu comme absolument nécessaire à Federico Navarro et à un de ses collègues, Gino Ferri. C'est ce phénomène qui leur a permis d'expliquer des manifestations de type névrotique associées à des décompensations de type dépressif ou schizoïde chez leurs patients.
Comme le disait Federico, un allaitement ou un sevrage déficients n’empêchent pas un enfant de marcher, ce qui lui permet d'acquérir une pseudomuscularité, laquelle viendra couvrir les carences psychoaffectives. Cette couverture donnera au sujet une caractérialité superficielle qui lui permettra de faire face à la vie de manière efficace. Mais la couverture lorsqu'elle céde, laisse place à une décompensation de type dépressif voire psychotique.
L'objectif de la végétothérapie n'est pas de guérir "des maladies" mais de permettre à l'individu de récupérer la maturation de son caractère. Au cours de ce processus évolutif, la disparition des fixations et l'atténuation des différents traits de caractère empêchent l'apparition des symptômes pathologiques.